Jeux médiévaux

Une brève histoire du jeu

L'homme joue depuis la préhistoire. Des outils de jeu datant de cette période, constitués majoritairement d'os, ont été retrouvés lors de fouilles archéologiques. Des éléments en coquilles, pierre et bâtons font également partie de certaines de ces trouvailles archéologiques.

Les pièces de jeu les plus anciennes jamais trouvées à ce jour, et dont l'interprétation ne fait pas l'objet de débats (pour le moment), sont une série de 49 petites pierres peintes et sculptées. Elles ont été découvertes dans le tumulus de Başur Höyük, dans le sud-est de l'actuelle Turquie. Ce tumulus est vieux de 5000 ans. 

Ci-dessous une photo de ces fameuses pièces de jeu:

 

Oldest playing materials

Crédits: NBC News

 

Toujours lors de notre préhistoire, le plus ancien jeu de plateau connu date d'environ 3000 avant Jésus-Christ. Il s'agit du jeu royal d'Ur, ou jeu des vingt carrés. Il se joue avec un ensemble de pions sur un plateau richement décoré et des dés en os, et est un jeu de parcours. La plus ancienne pièce archéologique de ce jeu a été retrouvée dans les tombes royales de la cité mésopotamienne d'Ur, d'où son nom, mais il semble également connu et joué en Egypte antique. Il n'était pas réservé aux nobles et paraît même avoir été populaire dans les classes inférieures, comme on peut le voir sur une version gravée sur une porte d'accès à un palais de Dur-Sharrukin, datée de 2700 avant Jésus-Christ. 

Une pièce de ce plateau est visible au British Museum, dont voici une photographie:

 

Crédits: British Museum

 

Revenons au Moyen Âge

Et plus précisément en Europe. 

Le jeu est très répandu au Moyen Âge en Europe et il en existe beaucoup: nous connaissons les jeux hérités de l'antiquité gréco-romaine et celtique (jeux de jets d'armes, jeux de billes ou de dés, et autres jeux de balle). En Europe du Nord s'y ajoutent les jeux de "tafl", connus dès le IVe siècle après J-C, qui sont une famille de jeux de stratégie d'origine germanique et celtique et qui ont été apportés par les vikings en Angleterre au IXe siècle après avoir été répandu dans toute la Scandinavie. Ce type de jeu se joue sur un plateau carré ou sur un plan carré tracé parfois à même le sol.

 

Hnefatafl

Plateau de jeu de Hnefatafl, musée d'Oslo. Crédits: Gus & Co

 

A cette liste de jeux s'ajoutent les jeux importés, tels que le jeu d'échecs, arrivé en Espagne au IXe siècle dans l'Emirat de Cordoue. D'autres jeux ont été importés d'Asie durant toute la période médiévale, que ce soit par le commerce (par le biais de la Route de la Soie) ou par les croisades. Et enfin, dès le XIVe siècle, ce sont les jeux de cartes qui se sont popularisés. Arrivés d'Egypte via l'Italie, les couleurs ou enseignes sont au départ très similaires aux épées, clubs, coupes et pièces encore utilisés dans les jeux traditionnels italiens et espagnols. Nos couleurs bien connues, de coeur, de carreau, de pique ou de trèfle, semblent être originaires de France et dater de la fin du XVe siècle.

 

Tric-trac

Jeu du Tric-Trac, ancêtre du Backgammon. Crédits: Fer de Lance

 

Le jeu et la religion, une affaire de hasard

Et par conséquent, d'offense à Dieu.

Les jeux sont régulièrement condamnés par les instances religieuses et politiques, parce que considérés comme oeuvre du Diable. Mais pourquoi cela ? Pour l’Église, le jeu symbolise la Chute, la conscience humaine du temps qui passe, la fin de l’innocence originelle. Et pire, il offense Dieu en poussant à l’idolâtrie et contrevient au premier et troisième commandement. Il favorise l’avarice, l’envie, la colère, la convoitise et constitue une perte de temps. 

 

le Roi Otto IV de Brandenburg jouant aux échecs avec une femme

Crédits: Quand le Roi Otto IV de Brandenburg joue aux échecs avec une femme au lieu de régner, Universitätsbibliothek, Heidelberg

 

Accusés de développer le mépris de Dieu, et même celui de la personne et de son prochain, une loi canonique interdit les jeux de hasard au XIIe siècle. Mais dans comme cela s'avère impossible à faire appliquer, la loi s'assouplit peu à peu; tout d'abord par l'application de sanctions fiscales qui remplacent les sanctions pénales. Puis certains jeux sont acceptés, sous conditions cependant: il faut jouer honnêtement, avec joie et sincérité, et seulement de petits montants et à des heures déterminées. Engager des sommes inconsidérées comme l'ont fait Louis d’Orléans (1372-1407) et Philippe Le Hardi (1342-1404) n’est pas toléré.

Malgré tout, dans certains royaumes, des règles plus strictes ont perduré jusqu'au milieu du XIVe siècle. Par exemple, en France, le roi Charles V promulgue une ordonnance le 3 novembre 1369 interdisant tous jeux n’étant d’aucune utilité dans la préparation des hommes à la guerre. Sont punis d’une amende de 40 sous les joueurs de dés, de tables, de paume, quilles, palets, soule ou billes. Les tirs à l’arc et à l’arbalète sont recommandés, comme c’est déjà le cas en Angleterre, sous le règne d’Edouard III.

 

Et quels sont les jeux bien connus au XIIIe siècle alors ?

Comme dit avant, il y en a beaucoup ! Mais la Lance se fait un plaisir de vous en présenter quelques-uns. Voici quelques jeux de société connus en Europe au XIIIe siècle, et que nous présentons sur les camps et en médiévales. Cliquez seulement sur lien de chacun d'entre eux pour en savoir plus.

 

Les jeux présentés par la Lance